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L’église de Chantérac

     Cette église romane est dédiée à St Pierre-es-liens ; elle est située dans la commune de CHANTERAC, qui compte à peu près 550 habitants, et son caractère évoquant une forteresse interpelle dans ce village à l'ouest de PERIGUEUX (25 km).

     Cette commune s'étale sur 3 ruisseaux (le ROUEIX, le SALEMBRE et la BEAURONNE) ; si elle ne se situe pas sur un axe majeur, elle fut le siège d'au moins 2 villas Gallo-romaines (dans le Bourg et à Chaniveau) et fut l'un des 10 premiers archiprêtrés du Périgord dès le IX° siècle, qui devinrent 16 par la suite. Cette désignation est en rapport direct avec la structuration administrative comtale carolingienne du IX° siècle. (SAINT ASTIER ne correspond alors qu'à un petit bourg avec une collégiale, en rapport avec les pèlerinages liés à l'ermitage de St Astier.)

 

     Il s’agit d’une église fortifiée au XII ou XIII° siècles, puis aggrandie par la suite, réalisant une église à double nef (l'une romane et l'autre gothique), au XVI° siècle, (ce qui rappelle volontiers les églises de VANXAINS, St MARTIAL de VIVEROLLE et d'ARGENTINE, St GERMAIN du SALEMBRE, présentant une situation similaire).

     Elle est classée monument historique depuis 1914.

 

     Il existe vraisemblablement à la base de cette église les restes d'un mur gallo-romain dans l’angle Sud-Est.

    A l'époque carolingienne, il s'agissait sans doute d'un bâtiment religieux fortifié mais qui fut détruit par faits de guerre car en 1104 l'édifice est noté en tant qu'église.

 

     Il se pourrait ainsi qu’il existe 4 églises successives et surajoutées :

1/ Une ancienne église carolingienne (nomination en tant qu’archiprêtrée au IX° s....) sur les bases d'un bâtiment romain (?) dont il ne reste que la base d'une partie d’un mur... et couverte d'une charpente comme toujours à cette époque.

 

2/ une nef romane courte, comprenant vraisemblablement les deux premières travées de la nef Sud, des XI°-XII° siècles, dont le sol était plus bas d’au moins un mètre.

 

3/ Une église fortifiée du XIII° siècle qui prolonge au Sud-Ouest la nef précédente, avec une tour qui expliquerai les contreforts de l’Est et Sud qui, de par leur proximité, explique la nécessité du soutien d’une partie d’édifice élevé.

 

En 1337, pendant la guerre de cent ans, des combats vont se dérouler dans l'église et en raison du sang versé vont nécessiter une charte d'absolution.

 

4/ Un petit collatéral XIV°-XV° siècle (au-dessus du puits ?) dans l’angle gauche de la façade, qui abrite aujourd’hui l’escalier du clocher.

 

5/ Un grand collatéral du XVI° siècle au nord, qui reprend le « voutement » des deux nefs, vraisemblablement suite aux destructions liées aux guerres de religion.

 

Il manque cependant l’escalier de la première église. La visite du clocher ne permet toujours pas de retrouver cet escalier qui devait permettre l’accès à la bretèche de la façade.

 

DESCRIPTION :

 

A l'extérieur :

 

     La grande façade Ouest présente dans sa partie de droite, c'est-à-dire au niveau de la partie ancienne romane, deux contreforts. Celui de gauche est ancien, du XII° siècle, avec un appareil d’un calcaire local « à rognons de silex ». Le contrefort de droite a été refait plus tard, ainsi que l’angle du bâtiment et les ouvertures (porte d’entrée) avec la bretèche. Le calcaire est différent et de meilleure qualité.

     Le clocher a été remonté plus récemment.

     La partie gauche de cette façade principale est plus récente, mais il est possible que la deuxième nef du XVI° siècle soit constituée au niveau de la façade d’une partie de bâtiments collatéraux (peut être défensifs ?) du XIV° ou XV° siècle qui ferait de cette partie gauche (ou Nord) de la façade une zone légèrement antérieure par rapport au reste de la seconde nef.

C'est vraisemblablement dans cette partie de gauche que se situe la source existant sous le bâtiment, mais obturée et de situation inconnue.



 

     La façade Sud-Ouest (coté St germain) est de la fin du XI°, début XII° siècle avec des meurtrières très étroites. Cette façade a été remaniée au XV°-XVI° siècle avec deux grandes baies ogivales, ainsi que sur la façade Est.

Les ouvertures rectangulaires au sommet de cette façade Sud, immédiatement sous la toiture, correspondent vraisemblablement à des bretèches, antérieurement équipées en bois, dont il ne reste plus de trace, hormis l’ouverture dans le mur.

 

 


 

A L'intérieur :

 

     C’est intérieurement que l’on peut voir que la première nef romane de droite a été rallongée vers le Sud-Est, car sa longueur est trop importante par rapport à sa largeur. Il faudrait cependant fouillée le sol de l’église pour affirmer ces suppositions. Ce sol semble avoir été surélevé de près d’un mètre de haut par rapport au sol primitif, ce qui explique la porte murée très basse de la façade Sud-Ouest et la situation très basse des meurtrières étroites du XII° siècle sur cette même façade.

 

     Au XVI° siècle, l'église est agrandie en doublant la largeur par une seconde nef de même mensurations que la première.

    Le « voutement » sera repris par des croisées d'ogives avec des liernes (nervures) sur les deux nefs (romane à droite et gothique à gauche). Les clefs de voutes sont armoriées aux armes des La Cropte et peut-être des Fayolle (semblables dans la chapelle de Jumillhac).

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     Les colonnes qui séparent les deux nefs ne semblent pas avoir été taillées dans le mur Est de la nef romane (contrairement à ce qui est classiquement dit !) car le calcaire ne correspond pas au calcaire « à rognons » employé pour les murs du XI°-XII° siècle. Ces colonnes torses sont un modèle décoratif ancien post-gothique qu'il faut rapprocher des rosaces et des bâtons écotés (cf. : Cloître de St Jean de COLLE par exemple...). 

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    Au milieu du XVI° siècle une très belle cloche en bronze de 1,20 m. de diamètre et 1,10 de hauteur est installée. Elle comporte des inscriptions en caractères gothiques et un semis de roses.

 

      La présence de deux nefs, entraîne l'existence de deux choeurs. Chacun d'eux possède un autel XIX°.

 

     Les vitraux ont été restaurés en 1970. Ils sont du XIX° siècle et portent les armes mi-partie des LA CROPTE de Chanterac : « d'azur à une bande d'or accompagnée de deux fleurs de lys du même, une en chef et l'autre en pointe » et mi-parti de RIGNY.

 

     L'église possède un orgue de la seconde moitié du XIX° dont on ne connait pas le facteur. Il fut restauré en 1983.

 

     Enfin, l'église possède un tableau dit le « tableau du voeu » daté de 1645. Il s'agit d'une Vierge à l'enfant remettant le rosaire à Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne. Un phylactère comporte une dédicace concernant le donateur. Ce tableau fut offert par J. de LA CROPTE, archiprêtre de Chanterac, fondateur de la congrégation des prêtres de la mission de Périgueux. Ce tableau (faussement attribué au XVIII° siècle) est classé monument historique depuis le 18/10/1983 au titre des objets d'art.

 

     Une litre est encore visible par endroits sur les murs, où l'on devine les armes des La CROPTE. Il n'y a pas trace des armes des LA PORTE de Saint ASTIER qui se partagèrent la co-seigneurie de CHANTERAC avec les LA CROPTE jusqu'au XVII° siècle.



 

SLC

Octobre 2013

Corrigé 2024

CANTHARIUS

Le nom du village de CHANTERAC, sous la forme de CHANTAIRAC apparaît dans les textes pour le première fois en 1104. C’est donc l’époque de l’édification de la première église romane, église qui fut agrandie plusieurs fois par la suite. A ce moment, au début du second millénaire, l’écriture varie : CANTAIRAC, CANTERACUS...

 

Cependant l’existence du village de CHANTERAC est plus ancienne et avec un passé important puisque une villa gallo-romaine existe depuis le deuxième siècle de notre ère, au lieu dit Gorcet, avec un temple romain à l’emplacement de l’église actuelle.

La titulature (dédicace à un saint) de l’église d’un village nous renseigne souvent sur la date de la première construction ;  avec la dédicace à « Saint-Pierre-es-liens » la première église de Chantérac doit se situer au VI° siècle. Ainsi cette église paroissiale voit forcément  dès cette époque de la fin du premier millénaire, la naissance d’un bourg tout autour d’elle. Si l’histoire des premiers siècles à Chantérac est peu connue, un épisode majeur survient avec les carolingiens, soit au IX° siècle, puisque CHANTERAC fut choisie comme l’une des dix premières archiprêtrées du Périgord, lors de la mise en place de l’administration carolingienne. Cela souligne encore la prépondérance de Chantérac dans un large secteur compris entre Isle et Drône, où il n’existe pas encore de bourg important, car il faudra attendre le second millénaire pour que s’individualisent les paroisses de Saint-Astier, Saint-Germain du Salembre, Saint-Aquilin, ou même Saint-Méard, Beauronne et Tocanes.

Cette distinction de Chantérac comme archiprêtrée désigne vraisemblablement cette paroisse comme étant une propriété épiscopale et donc comme seigneurie ecclésiastique. Le siège de la viguerie, c’est à dire le pouvoir laïc était alors à Saint-Aquilin, au lieu dit Reyssidou. Cet état de chose explique sans doute le caractère de forteresse qu’acquiert l’église de Chantérac, l’église étant construite sur des remparts qui entouraient le petit bourg. De plus l’absence de motte féodale dans le bourg ou de château avant le XII°-XIII° siècle contribue à faire de Chantérac une châtellenie ecclésiastique.

 

C’est ainsi que peut se dessiner l’origine de CHANTERAC, son nom dérivant du personnage gallo-romain CANTHARIUS vraisemblable maître de la Villa de Gorcet. Le suffixe « ac » qui dérive de ACUS en latin, désigne un nom de lieu. La finale « ac » vient alors se fixer à un nom de personne.


 

SLC

22/01/24

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